Intolérances alimentaires : ressources

Différencier allergie et intolérance alimentaire

Comme prévu, Héloïse a eu rendez-vous hier avec la docteur(e) homéopathe qui la suit et qui a prescrit, notamment et avec notre plein accord, les tests sanguins dont je vous parlais dans le billet précédent “Pourquoi nous avons fait faire une dépistage d’intolérances alimentaires“.

Nous nous sommes d’abord réjouies toutes les trois de la bonne mine rose et fraîche de la demoiselle H., du fait qu’elle n’a eu qu’un seul épisode de mal de tête ce dernier mois (suite à une exposition prolongée au soleil et à la chaleur lors d’une récente promenade), qu’elle nous a regardées ses soeurs et moi lutter contre une angine récemment sans même avoir un début de symptômes, et que ses cernes ont disparu.

Puis, la docteur a examiné les résultats et, nourrie de toutes mes lectures depuis la réception des résultats mais aussi de toutes les questions et pistes de réflexion que vous êtes nombreux à m’avoir apportées (merci!!), j’ai posé plein de questions, et eu/confirmé plusieurs réponses.

Notamment, Héloïse ne souffre pas d’allergie alimentaire au sens commun : elle n’en est pas moins intolérante allergique (parfois lourdement, comme à la caséine) à plusieurs aliments.

La différence?

Un allergique au sens commun réagit de suite à l’aliment par différentes manifestations : oedème, grattement, brûlures, boutons, vomissements, et j’en passe. L’ aliment lui-même agresse directement l’individu. Pour tester si quelqu’un est allergique [ce qui n’a de sens QUE si la personne en question a des troubles de santé!], on pourra le soumettre à des tests cutanés [prick tests] et un test sanguin pour traquer les IgE, par exemple [même si ces méthodes sont discutées, imparfaites, et contestées…].

L’allergique, au sens commun, produit en effet des anticorps de la classe des IgE en quantité dangereuse pour son organisme lorsqu’il estime (à tort ou à raison) qu’un corps étranger est en train de l’agresser.

L’allergique au sens commun souffre donc d’une réaction anormale IgE-médiée (par l’intermédiaire de ses anticorps IgE), qui peut le tuer en quelques minutes car elle peut provoquer un choc anaphylactique.

L’intolérant, quant à lui, peut aussi être un allergique.

Mais son allergie est alors IgG-médiée, c’est-àdire qu’elle se manifeste par l’intermédiaire de ses anticorps IgG.

Et cela fait une énorme différence car :

  • il ne réagit pas forcément de suite, voire jamais de façon apparente.
  • sa vie n’est pas mise en danger par la production excessive d’anticorps IgG, alors qu’elle l’est en cas d’allergie IgE : pas de choc anaphylactique à craindre pour l’intolérant allergique.
  • les tests cutanés n’ont pas d’intérêt pour lui, pas plus que la recherche d’IgE (même si, dans un premier temps de diagnostic, selon les symptômes, il peut bien sûr être utile d’écarter toute allergie IgE-médiée en faisant les tests adéquats).
  • l’intolérance allergique n’est en principe que temporaire, liée non pas tant aux protéines de l’aliment que le corps perçoit comme ennemies qu’à une perméabilité de l’intestin, qui peut se guérir (et que l’on doit guérir, d’ailleurs, il est insensé de se contenter d’écarter les aliments non tolérés en cas d’intolérance allergique, il faut, surtout, réparer le corps qui ne sait plus tolérer. C’est bien plus complexe en cas d’allergie IgE).
  • Pour plus d’informations, je me permets de vous renvoyer à mon livre Les intolérances alimentaires : Cuisiner Gourmand Autrement, éditions Anagramme. Son sommaire est ici.

On pourra lire aussi :

Billet mis à jour le 31 mars 2011

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22 commentaires

  1. Je vais faire lire ton post à mon homme,qui a les mêmes symptômes d’intolérance que le tien peut-être que cela le fera (enfin) réagir! Il avait perdu du poids?
    Merci de nous faire partager tout ça en tout cas!

  2. Merci de prendre le temps de rédiger tout cela, outre que cela te permet de mettre de l’ordre dans tes idées cela explique les choses simplement à ceux qui te lisent.
    Et l’on sait comme c’est compliqué de donner des explications simples !

    Je suis moi même très intéressée par tes billets car si je sais ce dont souffre mon homme (la maladie cœliaque), je n’ai pas toujours toutes les données et je ne savais pas par exemple trouver les mots pour différencier l’intolérance de l’allergie.
    Grâce à toi je vais avoir plus de facilité à répondre aux questions qu’on me pose régulièrement.

  3. Tu as un sacré talent pour faire des billets extrêmement complets, pertinents et en plein dans des réflexions que je me pose et que je n’aborde pas encore… cela me permet d’aller de l’avant à pas de géant. Bon tu me diras: je ne peux pas être sur tous les fronts d’un coup… et puis je suis moins organisé.
    Merci infiniment de partager ton récapitulatif et ouverture des possibles.

  4. Merci ! ça fait un bout de temps que je me demandais quelle était la différence (je savais bien qu’il y en avait-une) tu m’as épargné une recherche 😀
    Bizzz

  5. Merci Flo et bravo pour la pertinence de tes billets.
    Je vais lire tout cela tranquillement, à tête reposée. Beaucoup d’informations, de précisions.
    Bisoussssssss

  6. Flo, je viens ajouter ma pierre à l’édifice en racontant ici ce que j’ai compris hier chez l’allergologue.

    Tu as écris “On peut donc tester si quelqu’un est allergique en le soumettant à des tests cutanés : si la peau réagit, le patient est allergique.”

    Or, mon expérience montrerait que ce n’est pas le cas. Je réagis fortement aux tests cutanés mais les tests sanguins (IGE) montrent qu’il n’y a pas production d’anticorps.
    L’allergologue me dit que je ne suis donc PAS allergique mais que mon corps produit trop d’histamine lorsqu’il est en contact avec certains produits histamino-libérateurs (pollens…) ou eux-mêmes chargés en histamine (tomates). Il ne s’agit donc pas d’allergie mais d’une “hyper réaction”. On peut donc croire qu’on est allergique “aux pollens” (on a des crises de “rhume des foins”) sans l’être du tout…

    => Pour l’allergologue que j’ai consulté, allergie implique création d’anticorps par le patient face à l’aliment agresseur. Et, en général, il y a réaction cutanée au tests.

    Dur dur de s’y retrouver ! Quand à l’intolérance, j’ai l’impression qu’il y a des médecins qui s’y intéressent et d’autres pour lesquels ça n’existe pas, ce sont des modes d’expression d’une difficulté d’ordre psychologique. Je ne sais pas si d’autres personnes ont cette expérience ?

    1. Isa,
      j’ai modifié le contenu de mon billet, pour indiquer qu’en effet les tests qui existent sont tous d’une fiabilité relative et contestés.

  7. Merci pour ce billet très clair et tout en nuances. Il me semble que les médecins qui se préoccupent des intolérances alimentaires sont plus que rares et pourtant cela expliquerait bien des situations inconfortables et délicates pour ceux qui les vivent au quotidien. Voilà une piste de réflexion qui me conforte dans l’idée que l’on ne peut pas imposer un régime à quiconque; c’est à chacun de rester à l’écoute de son instinct et de son corps. Ce qui soit dit en passant n’est pas une chose aisée…

  8. merci flo et bonne route, j’ai hâte de lire la suite !
    as tu pensé et evoqué avec ton medecin les probiotiques qui parait-il améliore les intolérance alimentaires ? ( je croise les doigts mais ça a l’air de fonctionner pour moi )

  9. Merci beaucoup pour ce compte rendu très intéressant. D’ailleurs, la différence entre allergie et intolérance n’était pas très claire pour moi non plus (oh la honte !!).
    Au final, est-ce que ta toubib a gardé les mêmes interdits que ceux que tu avais supprimé suite aux résultats ? A t-elle envisagé de réintroduire quelques aliments ?
    Si Héloïse n’a pas la maladie coeliaque, c’est juste une sensibilité au gluten dont elle souffre ? Ouhh j’ai trop de questions. Je m’arrête là 😉

  10. Tout d’abord, merci Flo pour toutes ces infos.

    C’est un sujet qui me tient très à cœur car j’ai eu personnellement des troubles très intenses deux fois qui pourraient peut être être expliqués ainsi. Pour être plus précise, j’ai eu tous les symptômes d’une bonne gastro avec nausées et grosse fatigue pendant 3 mois. Pour moi, mon corps ne m’appartenait plus. Toutes les analyses n’ayant rien de détecter d’infectieux, j’ai eu droit à la classique coloscopie. Résultat des courses, forte inflammation et une suspicion de maladie de Crohn… Rien que ça!! J’ai un peu laissé courir car ces épisodes ne se sont pas reproduits avec une telle intensité.
    Depuis, aucun symptôme, enfin mise à part au mois de décembre, un épisode de fortes nausées et fatigue, deux malaises et des vomissements. J’imagine de nature “infectieux” car avec des pics de fièvre à 39°C. Bref.
    Je n’ai pas encore consulté de naturopathes mais tout cela me fait penser qu’il serait temps que je m’y attèle.
    Aussi ma maman s’est fait diagnostiquer récemment une fibromyalgie et maladie de Gougerot-Sjogren, qui sont des affections auto-immunes sévères et invalidantes. Elle présente une forte inflammation des articulations (suspicion de polyarthrite rhumatoïde), de nombreux problèmes d’allergies respiratoires avec crise d’asthme.

    Je m’intéresse donc à ce que pourrait apporter cette réflexion sur notre alimentation.

  11. […] La présence de cet aliment dans le sang peut aussi entrainer une réaction immunitaire, avec cette fois la présence d’anticorps de type […]

  12. bonjour Flo,
    Merci pour les 2 posts sur les intolérances alimentaire que tu expliques divinement bien au travers de ta propre expérience. Merci aussi pour les liens dont celui qui conduit au Dr Rueff.Tout ça me parle encore plus sur tous les maux que je supporte depuis 13 ans pour certains d’entre eux. J’ai pas mal de symptômes, comme : douleurs intestinales, rhinites, migraines,souvent fatiguée…j’en ai entendu des choses et surtout celle qui revient et qui me gonfle : LE STRESS ! haha la bonne blague, ça fait trop longtemps que j’entends cette connerie (désolée pour ce vilain mot mais ça m’agace à force) et aussi syndrome du colon irritable (ok mais pourquoi ?? quel traitement ?? pas ou peu de réponses concluantes). J’ai essayé plein de trucs pour faire passer ces maux : acupuncture (par contre lui m’a quand même mise sur la piste de l’intolérance alimentaire mais ne m’a pas parlé de test possible) shiatsu, psychothérapie (ça fait pas mal mais ça ne fait pas tout !!!)1 séance d’osthéo (le praticien ne m’a pas inspiré du tout) ceci dit je vais revoir un ostéo cette semaine que l’on m’a vivement recommandé, donc je vais voir et lui parler de TOUS mes symptômes et de ce fameux test IgG.Que penses tu de tout ça ??? un ptit avis à me donner ?? merci encore tout plein pour tes posts riches en informations 🙂

    1. Kannelle,
      Pourquoi pas ce test, en effet, il peut te mettre sur une piste alimentaire à laquelle tu n’aurais jamais pensé, ou que tu n’avais pas envie de retenir (mon cas avec la caséine), et qui peut énormément te soulager.
      Mais attention, le test IgG a ses contraintes et ses limites :
      Ses contraintes:
      – il coûte cher. 175€ si on le fait faire à Paris, bien plus si on le fait faire par Imupro qui, paraît-il, offrirait un résultat plus fiable (est-ce vrai? je ne sais pas du tout)
      – il faut ensuite se tenir aux évictions proposées, et ce n’est pas facile
      – à toi, si tu le fais, la lecture de toutes les étiquettes que tu rencontres, pas simple non plus, facilement décourageant…
      – il ne suffit pas d’exclure tel ou tel aliment, il faut aussi (et autant) réensemencer tout son système digestif pour soigner son système immunitaire, et ça n’est ni gratuit, ni simple (en ce moment, chez nous, c’est un casse-tête)

      Ses limites:
      – le test n’est pas à 100% explicite : on peut être “marqué” intolérant au gluten mais supporter le pain au levain et à l’épeautre parce que le levain modifie la structure du gluten de telle sorte qu’il devient assimilable quand même par celui qui ne tolère en principe pas le gluten tel quel, par exemple. Donc une fois le test en mains, toute l’identification de ce que l’on tolère ou non n’est pas faite pour autant.
      – le test ne révèle que des réactions par IgG. Il ne dit rien d’une éventuelle maladie coeliaque, par exemple, qui elle se manifeste par les IgA, ni des allergies igE-médiées. Donc on peut quand même être mal en mangeant un aliment pourtant toléré au regard des igG…

      Je m’arrête là, tu auras compris que ce n’est en aucun cas un diagnostic miracle.
      Même si pour ma famille, il y aura un “avant” et un “après” et que s’il fallait le refaire, je le referai et vite, parce que ça nous a énormément aidés.
      Tu me diras, OK?

      1. Merci Flo pour toutes ces précisions mais j’en ai tellement marre de vivre avec ce mal qui m’épuise que je pense sérieusement à ce test malgré ces limites et inconvénients 😉 de toute façon je vais voir avec l’ostéo cette semaine. Je te retiens au courant 😉
        Bonne soirée et à tout bientôt !

  13. Bonjour Flo 🙂
    Je reviens par chez toi pour te faire un ptit compte rendu de ma visite chez l’ostéo. Euh comment dire, ce fût une visite ostéo peu commune, il a fait beaucoup de psychologie, peu de manip et beaucoup de blabla, ceci dit il est fin et très intelligent et son discours tient la route MAIS c’est pas ce à quoi je m’attendais. Je lui ai parlé d’intolérance alimentaire mais pour lui c’est surement pas, il m’a détecté un ptit problème au niveau de la rate (je suppose qu’il un oeil bionique !!) il faut donc éviter les aliments froids, les boissons gazeuses, les crudités (c’est pas un scoop pour moi, je le savais déjà !!).Bref, je suis toujours au même point ! J’ai tout de même exclu tout ce qui est à base de farine et lait depuis le début de la semaine ET j’avoue que je suis moins fatiguée, j’ai beaucoup moins de maux de ventre…par contre j’ai voulu manger du fromage de brebis et chèvre et j’ai eu hier soir un bon mal de ventre (pas bien du tout, écoeurée…)alors, est-ce un problème alimentaire ?? un ptit virus qui passait par là, un stress ??…pour l’heure, ça va mieux !
    DONC, j’en conclus que, j’aimerais faire ce test pour être mise sur la bonne voie et ne plus me poser des questions pour savoir si ça vient d’une chose ou d’une autre (à force c’est pénible, ça m’fatigue !!).Question : c’est auprès de mon médecin que je dois demander ce test ??
    MERCI Flo pour ta patience et ta gentillesse 🙂

  14. Bonjour,
    Savez vous si des problèmes digestifs peuvent être signe d’intolérance alimentaire ? Car j’ai déjà fait des tests d’allergie et je n’ai rien à part quelques traces minimes face à certains aliments. Or il y a énormément de produits que je digère très mal (oeufs quand le blanc et le jaune sont séparés, sauce de salade maison, tomates cerise etc) et ça commence à me fatiguer…
    Cordialement,
    Clamavi.

    1. Oui des problèmes digestifs peuvent être signe d’intolérance alimentaire, mais s’il vous plaît, trouvez un professionnel de santé susceptible de vous encadrer pour un diagnostic fiable, c’est tout à fait hors de mes compétences de vous conseiller.

      1. J’entends bien 😉 C’était juste pour avoir l’avis de quelqu’un qui a déjà eu à faire avec les intolérances (je ne connais personne qui en ait dans mon entourage). Je vais donc voir ça avec mon médecin généraliste.
        Merci pour votre réponse 🙂
        Clamavi.

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