Les repas se multiplient à l’occasion des fêtes de fin d’année, et les plats se succèdent, qui contiennent du blé (les toasts, le pain surprise, les jolis petits feuilletés, le pain tout simplement…), des œufs (pas ceux de saumon, mais ceux de poule, pour lier la farce de la dinde, faire des macarons, la mousse de fruit du bavarois) ou encore du lait (rebelote pour le moelleux de la farce de la dinde, pour l’entremets du dessert, dans la petite crème au roquefort dans laquelle tremper les légumes joliment coupés de l’apéritif, le beau plateau de fromage, l’omelette norvégienne…).
Il se peut qu’autour de la table, célébrant Noël ou la fin de l’année et le début d’une autre, un convive mange « sans » : sans blé, sans lait, sans œuf, ou encore sans vanille, sans soja, sans fruits de mer ou sans cacao…
Parce que nier ces contraintes alimentaires n’est pas une option, surtout pas en ces moments de réjouissance (et même si c’est le Tonton René que vous ne pouvez pas supporter et qui semble le faire tout exprès pour vous casser les pieds !), je vous propose de mettre pleins feux sur le convive « sans » ainsi que, sous forme de liste, toute une série de petites « clés » pour que le repas se déroule parfaitement.
Mettre pleins feux sur le convive aux besoins alimentaires spécifiques
Afin de régaler et réjouir tous les invités de votre repas de fête, il me semble souhaitable d’accorder toute leur importance aux besoins alimentaires différents de l’un ou l’autre des convives, mais sur un mode convivial et chaleureux : soit en logeant tout le monde à la même enseigne (option 1), soit en choisissant avec un soin tout particulier le repas « sans » de votre convive (option 2).
Option 1 : construire tout le repas autour des exclusions alimentaires de votre convive, c’est-à-dire prévoir tout ou presque « sans » le ou les aliments qu’il ou elle ne doit pas consommer, ainsi qu’une petite table garnie des incontournables « avec » dont d’autres invités ne pourront pas se passer : de jolies tranches de pain de mie brioché toasté pour l’oncle L. qui râlerait de manger son entrée sans, un chouette -mais aussi petit que possible- plateau de fromage pour votre père qui ne conçoit pas de repas sans, les chocolats au lait préférés de Mamie D. parce que vous aimez la voir les savourer avec une gourmandise d’enfant, etc.
Tout le monde pourra ainsi se régaler des plats phares de votre repas de fête, découvrir, sans qu’il soit nécessaire de le crier sur les toits d’ailleurs, des façons de cuisiner autrement (car sans crème, sans œufs, sans blé etc.) parfaitement gourmandes, et les besoins alimentaires particuliers des uns ou des autres seront pleinement pris en considération.
Option 2 : préparer un repas « sans » de luxe, pour marquer l’importance attachée à l’invité concerné. Dans ce cas, le repas principal sera celui que vous avez envie ou l’habitude de faire, sans considération particulière pour les besoins de l’une des personnes présentes, mais vous prendrez le plus grand soin pour choisir les ingrédients que cette dernière peut et aime consommer, vous préparez minutieusement et servirez le plus joliment possible des préparations spécialement pensées pour elle. Le plat principal est un velouté de potiron aux coquilles Saint-Jacques, qui contient crème et beurre auxquels votre belle-sœur est allergique ? Vous lui aurez mitonné, rien que pour elle, un splendide velouté à l’huile et à la crème de coco, sans un gramme de produit laitier, et vous le lui servirez dans une ravissante soupière individuelle. Vous voyez l’idée.
Quelle que soit l’option choisie, chacun trouvera son bonheur autour de votre ou vos tables, et chacun se sentira pris en considération, respecté dans ses besoins, ses choix, ses goûts.
Pour ne pas commettre d’impair, voici maintenant quelles petites « clés » importantes, sous forme de liste.
Ma liste des « clés » pour un repas de fête « sans » qui se déroule parfaitement.
- Questionner les invités, à l’avance, sur d’éventuelles exclusions alimentaires. A défaut, il serait possible de n’avoir strictement rien à proposer à l’invité dont on aurait ignoré l’allergie aux produits laitiers de vache, par exemple. Ou de ne plus avoir le temps de s’organiser pour lui préparer un repas « sans » parfaitement délicieux. Embarrassant, non ?
- Noter de façon détaillée et précise de ce que les invités allergiques, intolérants ou sensibles alimentaires, ne peuvent pas consommer. Il est important d’avoir une liste détaillée très rapidement, pour pouvoir identifier avec certitude ce qui peut être consommé et ce qui doit absolument être exclu. Car les exclusions ne sont pas toujours simples : non seulement on ne sait pas toujours si tel ou tel produit est, en soi, à exclure ou pas, (ex : l’allergique au lait peut-il manger du saucisson qui contient du lactose ?) mais, de plus, chacun d’entre nous est particulier. Ainsi, certains intolérants au gluten atteints de la maladie coeliaque supportent le maïs, d’autres non. Une liste précise de ce qui est possible et apprécié facilite la vie.
- Ne pas hésiter à faire participer l’invité allergique, intolérant, ou sensible alimentaire, à l’élaboration du menu. L’invité pourra préciser où il s’approvisionne en tel ou tel produit (pain de mie sans gluten, crème de soja, etc.), partager ses recettes ou adresses de blogs préférées, voire contribuer (dans une proportion raisonnable !) au repas, en apportant le dessert ou l’entrée pour tous, par exemple.
- Privilégier le repas sous forme de buffet. Cela facilite grandement la fête : une belle table est installée avec des préparations « sans », dont tous peuvent se régaler, et une autre, plus petite, propose des plats « avec » le ou les aliments à exclure. Chacun pourra piocher à sa guise, cela limite d’autant le risque de faux-pas.
- Ne surtout pas mentir. Manger un aliment auquel on est allergique ou intolérant peut rendre gravement malade, voire tuer. Le risque ne vaut pas la peine d’être couru, même si l’on doute du fondement médical de l’exclusion suivie par l’invité.
- Lire soigneusement les étiquettes des ingrédients et plats préemballés, et les conserver. Les quatorze allergènes les plus répandus, qui correspondent aux intolérances les plus fréquentes, sont nécessairement indiqués sur les étiquettes de ces produits (souvent en gras et/ou italique), car les industriels en ont l’obligation légale. Lire les étiquettes est long, il faudra prendre son mal en patience, et les surprises seront au rendez-vous, je vous le garantis ! Un bon moyen de développer son empathie envers ceux qui, au quotidien, peinent à faire leurs courses alimentaires… Il faudra également conserver bien soigneusement ces étiquettes, s’il est utile de vérifier une composition au cours de la fête.
- Eviter autant que faire se peut les préparations non préemballées sans liste d’ingrédients. Il m’a déjà été répondu, par exemple, dans une boulangerie que le sandwich au camembert ne contenait pas de produit laitier (si, si !), alors je me méfie beaucoup des affirmations des vendeurs de produits préparés. De toute façon, ce n’est pas évident de savoir que le seigle, l’épeautre, l’engrain, l’orge ou encore le blé Kamut© ne sont pas plus tolérés par l’intolérant au gluten malade coeliaque, que le blé. Donc, autant se méfier et faire soi-même avec des ingrédients simples, peu élaborés, et choisis en toute connaissance de cause. A moins que l’on n’ait à sa portée un artisan qui maîtrise vraiment la question, bien entendu, comme ce pâtissier prêt de chez mes parents qui fait d’excellents entremets garantis sans gluten.
- Préparer soi-même la totalité, ou presque du repas, avec des ingrédients sélectionnés. Ce point reprend en fait les précédents : il permettra d’exclure précisément ce que votre invité ne doit pas consommer, de lui répondre avec certitude sur la composition des plats servis, le tout avec sérénité. Et gourmandise !
- Limiter les innovations culinaires. Le jour J, il serait dangereux de se lancer pour la toute première fois dans un repas très élaboré dépourvu d’un ingrédient très commun de type farine de blé, crème ou œuf. Le stress des repas de fête se suffit à lui-même, et cuisiner « sans » ne s’improvise pas, etc. Limiter l’innovation, privilégier des produits simples, peu travaillés, suffisamment rares pour être un luxe en soi ou bien parfaitement de saison donc au sommet de leurs saveurs, si l’on en a les moyens, sera une sécurité.
- S’entraîner avant le jour J. Et si vraiment l’envie de faire un repas exceptionnel, complexe (par exemple des toasts de pain brioché sans gluten, sans lait et sans œuf avec leur tartinade de potimarron truffé, suivis d’une dinde farcie et ses purées sans aucun produit laitier, et, pour finir en beauté, des sorbets aux fruits rares et leurs biscuits « sans »), il est vivement conseillé de faire deux ou trois repas de répétition avant le jour J, pour vérifier que ce sera faisable, réaliser combien l’on peut se régaler en mangeant autrement, ou … changer d’avis et faire « sans » mais plus simple !
Et vous, comment pensez-vous passer ces fêtes ?
Joyeuses fêtes « sans » certains aliments mais « avec » tous ceux que vous aimez (ou devez recevoir, c’est selon…), dans une ambiance sereine et respectueuse des besoins de chacun !
[Ce texte a été publié, en décembre 2014, dans le n° 20, Spécial Fêtes de Yummy Magazine]
Joyeuses Fêtes!
Bises,
Rosa
Merci Flo pour cet article. cette année c’est mon premier Noel d’intolérente et j’avoue je suis pas très rassurée. surtout que se n’est pas moi qui élabore le menu. avec mon mari nous avons pris le parti de prévoir et d’apporter ce que je peux manger… on verra ce que ça donne et la réactions des convives. affaire a suivre….
Bonjour Florence !
Joyeuses fêtes à toi et aux tiens également!
Tu as tout à fait raison! Mieux vaut savoir exactement sur quel pied danser ! Et je note précieusement ton conseil, pourtant évident, mais auquel je n’avais pas pensé: Faire une proposition de menu à l’avance avec l’ ou les invité(s) contraint(s) par des restrictions !
Tu sais, c’est bête, mais, pour moi, le repas fait partie de la ‘surprise’ … Et j’aime faire des surprises, surement parce que j’aime(rais) que l’on m’en fasse (des bonnes !)! … Du coup, dévoiler à l’avance le menu … Je n’y pense pas forcément! Mais, mon beau-fils est sérieusement intolérant, notamment aux légumineuses, arachides, et d’autres aliments qui fluctuent … Donc, je vais opter pour ton conseil, et lui proposer mon menu, pour être certaine qu’il n’y a rien qui coince pour lui !
Belle semaine,
Bises,
Patricia.